En raison de la crise des opioïdes qui a atteint des proportions épidémiques ces dernières années, la question des surdoses de médicaments fait couler beaucoup d’encre. Nous savons que les conséquences peuvent être tragiques lorsqu’une dépendance aux opioïdes ou un abus d’opioïdes causent la mort ou entraînent un handicap permanent, mais que pouvons-nous faire?
Notre meilleur outil demeure la sensibilisation. L’heure qui suit une surdose sera cruciale pour déterminer les conséquences à long terme sur les victimes. S’agit-il d’un signal d’alarme pour chercher un traitement ou est-ce plutôt la fin?
Regardez la vidéo : Overdose awareness: The drug overdose signs you need to know (en anglais seulement)
En 2018, il y a eu près de 4 500 décès liés aux opioïdes au Canada. La plupart de ces décès étaient considérés comme accidentels. Le nombre de cas augmente régulièrement depuis des années, et rien n’indique que cette tendance changera d’ici peu. Bien que le problème soit pire en Colombie-Britannique, il n’existe aucun endroit au pays où les opioïdes ne font pas de ravages. Même si d’autres médicaments peuvent entraîner des surdoses et le décès, les opioïdes, et plus particulièrement le fentanyl, représentent de loin le problème le plus grave. Le fentanyl est considéré comme étant plus puissant que l’héroïne et la morphine (jusqu’à 100 fois plus puissant que la morphine). Afin de mettre en perspective toute la puissance du fentanyl, notons qu’en moyenne, une dose d’environ 30 milligrammes d’héroïne peut être mortelle, alors qu’une seule dose d’environ 3 milligrammes de fentanyl peut entraîner la mort d’un adulte de taille moyenne. Cela explique pourquoi les surdoses de fentanyl surviennent plus souvent.
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Certaines personnes développent une dépendance après avoir pris des opioïdes sur ordonnance pour soulager la douleur. La plupart du temps, la dépendance aux opioïdes chez les jeunes commence par l’achat illégal d’antidouleurs sur le marché noir ou par la prise de médicaments appartenant à des parents ou à des proches. Une fois la dépendance installée, une personne peut avoir besoin de prendre des doses de plus en plus fortes pour obtenir le même effet. Le risque de surdose augmente ainsi rapidement.
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Selon les statistiques, beaucoup de gens connaissent au moins une personne aux prises avec un problème de dépendance aux opioïdes. Nous sommes peut-être au courant du problème, ou celui-ci est tout simplement gardé secret. Peu importe, nous pourrions tous peut-être sauver une vie si nous connaissions les signes d’une surdose.
Alors, quels sont-ils? Si un ami consomme souvent des médicaments, vous pourriez penser qu’il est simplement sous l’effet de l’un d’entre eux. Cependant, en y regardant de plus près, certains signes sont faciles à reconnaître :
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La victime peut être inconsciente et ne pas réagir; vous pourriez être incapable de la réveiller même en la secouant.
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Si elle est réveillée, elle sera peut-être incapable de parler.
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Son visage sera probablement moite. Sa peau pourrait avoir une couleur anormale.
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Vous entendrez peut-être des gargouillements ou des bruits de suffocation.
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Si ses lèvres et ses ongles sont bleus ou violets, il s’agit définitivement d’une surdose.
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Son pouls sera très lent ou irrégulier.
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Sa respiration sera lente ou irrégulière.
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Si elle peut parler, il sera difficile de comprendre ce qu’elle dit.
Finalement, il est possible que sa respiration ou son cœur s’arrête. Dans ce cas, la situation devient beaucoup plus urgente. Il est très important d’obtenir de l’aide avant que cela se produise, et ce, dès que vous vous rendez compte de la surdose. Il est essentiel de composer le 911, mais il est tout aussi important de ne pas laisser la victime seule, car elle pourrait tomber, s’étouffer, vomir ou encore subir un arrêt cardiaque.
Si vous pensez qu’une personne a pris des opioïdes et qu’elle est en train de dormir, il est très important d’essayer de la réveiller si vous constatez l’un des signes énumérés ci-dessus ou si vous remarquez qu’elle fait des bruits anormaux. Si vous soupçonnez une surdose, vous devez agir pour améliorer ses chances de survie.
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Composez le 911.
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Si vous êtes capable d’administrer de la naloxone, faites-le. C’est ce que feront les premiers répondants. Cependant, le plus tôt la victime recevra de la naloxone, le mieux ce sera.
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Si la victime perd conscience, essayez de la réveiller, même si vous devez lui causer un peu de douleur pour y arriver.
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Même si la personne est inconsciente, il est important de maintenir le plus possible son attention et sa concentration. Essayez de la faire parler.
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Si elle arrête de respirer ou si son cœur s’arrête et que vous connaissez les techniques de réanimation cardiorespiratoires, agissez!
Une formation en réanimation cardiorespiratoire et une réserve de naloxone vous aideront à sauver des vies dans ce genre de situation. Si vous n’avez aucun des deux, demandez de l’aide le plus tôt possible et restez auprès de la victime jusqu’à ce que les secours arrivent afin d’améliorer ses chances de survie. Qu’il s’agisse d’un proche ou d’une personne que vous venez de rencontrer, chacun a droit à une deuxième chance.
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