Nous regardons nos enfants grandir et nous nous en faisons toujours pour de petites choses à leur sujet : Mangent-ils assez de légumes verts? Passent-ils trop de temps devant un écran? Fument-ils? Boivent-ils de l’alcool? Prennent-ils de la drogue? Font-ils leurs devoirs? Sont-ils populaires auprès de leurs camarades? La liste peut s’allonger...
Ce sont là des préoccupations normales pour les parents qui se font souvent bien plus de soucis à propos des habitudes, de la santé et du bonheur de leurs enfants qu’à propos des leurs. Pourtant, si les habitudes actuelles de nos enfants et les répercussions qu’elles pourraient avoir sur leurs perspectives d’avenir nous préoccupent, un élément plus urgent passe peut-être inaperçu. C’est un problème qui peut constituer un réel danger pour le bien-être de nos enfants : leur santé mentale.
Puisque nos enfants sont seulement des enfants, nous présumons qu’ils n’ont aucun souci. Or, il se peut que, sans le vouloir, nous ne reconnaissions pas les signes avant-coureur de problèmes de santé mentale importants, tels que l’anxiété et la dépression. Cette dernière est particulièrement inquiétante, compte tenu des statistiques sur le taux de suicide chez les jeunes au pays.
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Voici quelques statistiques :
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À l’heure actuelle, le suicide est la deuxième principale cause de décès chez les Canadiens âgés de 10 à 24 ans.
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Le suicide représente 24 % de l’ensemble des décès chez les personnes de 15 à 24 ans.
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En 2012, 552 jeunes se sont suicidés.
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Le Canada arrive au troisième rang des pays industrialisés quant au taux de suicide chez les jeunes.
Malgré cela, la santé mentale chez les jeunes n’est pas une priorité pour notre système de soins de santé. En effet, on estime que seulement un enfant sur cinq qui a besoin de soutien en santé mentale obtient réellement de l’aide. De plus, 5 % des garçons et 12 % des filles ayant entre 12 et 19 ans ont connu au moins un épisode de dépression majeure. Pourtant, des jeunes en situation de crise qui ont besoin de soins en santé mentale peuvent attendre jusqu’à un an avant de les recevoir. Comme le montrent les statistiques sur le suicide, ce temps d’attente est beaucoup trop long pour de nombreux enfants.
En tant que parents, enseignants, fournisseurs de soins de santé et amis de jeunes en état de crise, nous pouvons faire beaucoup pour aider ces jeunes et améliorer la situation. Même si les problèmes de santé mentale relèvent de la médecine, ils sont également d’ordre social. De nombreuses stratégies peuvent être mises en place en attendant l’aide d’un professionnel. Bien sûr, le principal défi consiste à détecter les signes d’un trouble mental chez nos enfants et d’en reconnaître l’importance.
Les jeunes, et tout particulièrement les adolescents, peuvent avoir de fréquentes sautes d’humeur. Alors, comment savoir si notre ado souffre de dépression, éprouve de la haine contre lui-même ou s’il a des pensées suicidaires? Il existe quelques signes que tout le monde peut percevoir.
Les sentiments : Surveillez les changements dans la manière dont votre enfant parle de ce qui l’entoure et son langage non verbal. Votre enfant peut montrer des signes de tristesse, d’inquiétude, de désespoir ou de solitude. Mais, ne vous y trompez pas. La dépression peut aussi se manifester par de la colère, de la frustration et de la peur. Il se peut que votre enfant pleure souvent, mais ne soyez pas surpris si, au lieu des larmes, il manifeste de la colère.
Symptômes physiques : Si votre enfant se plaint d’être toujours fatigué, d’avoir des douleurs de la difficulté à dormir ou de fréquents maux de tête, ce sont peut-être des signes de dépression. Par ailleurs, un gain ou une perte de poids inexpliqués peuvent également être un signe de dépression.
Image de soi négative : Les paroles négatives que dit votre enfant peuvent également être un signe qu’il souffre de dépression. Si votre enfant commence à se donner des noms ou à se blâmer pour les choses négatives qui surviennent dans son entourage, soyez attentif.
Changements de comportements et de personnalité : La dépression peut exiger beaucoup de votre enfant et lui faire perdre l’intérêt pour les choses qu’il aimait auparavant, comme le sport ou la musique. Votre enfant peut même fuir ses amis.
Que faire si vous croyez que votre enfant ou qu’un enfant que vous aimez est déprimé?
Il est important de lui parler, de lui dire que tout le monde peut éprouver des sentiments négatifs de temps à autre et qu’il est possible d’obtenir de l’aide. Même si votre enfant ne peut être admis immédiatement dans un centre de crise, votre médecin de famille peut suggérer un thérapeute dans la collectivité, donner des conseils sur les changements à apporter à l’alimentation et sur l’importance de l’exercice physique. Votre médecin peut aussi prescrire des médicaments, s’il le juge approprié.
La communication ouverte est essentielle pour vaincre la dépression, surtout chez les jeunes. Les enfants peuvent croire qu’ils sont les seuls à éprouver ce problème et avoir peur de parler à leurs amis ou aux membres de leur famille. Si vous avez vous-même connu des problèmes de santé mentale ou si vous connaissez des gens qui en souffrent, parlez-en à votre enfant. Le fait de savoir qu’ils ne sont pas seuls peut les rassurer.
Dans notre société, la santé mentale, particulièrement la dépression, est un problème envahissant. Les causes de la dépression sont complexes. Même s’il existe une composante chimique qui rend certaines personnes plus susceptibles que d’autres de souffrir de dépression, il ne fait aucun doute que le rythme de vie est également en cause. Les fluctuations hormonales chez les adolescents semblent être aussi un facteur qui contribue aux taux élevés de dépression et de suicide dans ce groupe.
Nos recherches révèlent également qu’il existe un lien entre les maladies mentales et d’autres maladies chroniques. Nous expliquons ce lien dans notre Rapport sur les tendances en matière de médicaments d’ordonnance de cette année. Le rapport révèle qu’environ 25 % des Canadiens prennent un médicament pour traiter un problème de santé mentale. Ce pourcentage passe à près de 40 % chez les patients atteints de cancer et à 57 % chez les personnes qui souffrent de sclérose en plaques. Certes, cette connexion entre le corps et l’esprit doit être étudiée davantage, mais les données indiquent clairement que la dépression peut être reliée à des événements de la vie et à des changements saisonniers.
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En effet, la santé mentale chez les jeunes représente un problème complexe. Les solutions ne sont pas aussi simples que la prise d’un comprimé ou une consultation chez le psychiatre, même si cela peut aider. Par exemple, la thérapie cognitivo-comportementale est une méthode très utile pour entraîner un jeune cerveau à lutter contre les pensées négatives. À plus long terme, pour élever des enfants en santé, il faut établir de bons systèmes de soutien, renforcer les pensées positives et maintenir une bonne communication lorsque l’enfant a simplement besoin de s’exprimer et de se défouler. Nous avons tous un rôle à jouer.
Si votre enfant a de la difficulté à vous parler de ce qu’il ressent, suggérez-lui de parler à un autre adulte en qui il a confiance, faites appel à des programmes communautaires ou dites-lui qu’il peut appeler Jeunesse, J’écoute. Les jeunes peuvent appeler ou clavarder.
Aidez votre enfant à surmonter ses problèmes
Il existe plusieurs moyens d’aider votre enfant à composer avec les problèmes de santé mentale. Voici quelques conseils de Jeunesse, J’écoute :
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Aidez votre enfant à ne plus penser à ses problèmes en faisant des projets avec des amis ou la famille.
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Encouragez-le à parler de ce qui le préoccupe.
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Suggérez-lui de se concentrer sur sa respiration.
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Demandez-lui qu’il vous parle de ses problèmes.
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Allez faire une promenade avec lui, dansez au son de la musique ou faites une autre activité physique qui lui plaît. Cela peut contribuer à améliorer l’humeur et aider à se sentir mieux, mentalement et physiquement.
Apprendre que votre enfant souffre de dépression peut vous briser le cœur. Mais, une des meilleures choses que vous pouvez faire pour lui est d’être présent, de l’écouter sans l’interrompre et de lui dire que vous l’aimez et que vous voulez l’aider.
Toutefois, aider son enfant à lutter contre la maladie mentale peut être éprouvant. Vous pouvez vous aussi obtenir de l’aide. L’Association canadienne pour la santé mentale offre des ressources qui peuvent aussi vous aider à prendre soin de votre santé mentale.
Voici d’autres ressources en santé mentale offertes aux enfants et aux jeunes :
Pour en savoir davantage sur la dépression, consultez les ressources ci-dessous.
- Tele-jeunes
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Here to Help (Colombie-Britannique)