Pour ceux d’entre nous qui n’avons jamais reçu un diagnostic de cancer, la seule chose qui pourrait surpasser la peur ressentie en entendant la phrase « vous avez le cancer » est probablement l’immense bonheur de faire partie des personnes qui portent fièrement le nom de survivants du cancer. Et, compte tenu de la gamme d’émotions, réelles ou imaginaires, qu’on ressent lorsqu’on a le cancer, apprendre qu’on a vaincu la maladie, c’est comme si on avait triomphé de la mort.
En effet, grâce aux avancées sur le plan des traitements, il est désormais possible de survivre à la plupart des cancers. Les plus récentes statistiques révèlent qu’environ 60 % des Canadiens atteints de cancer sont encore en vie cinq ans après leur diagnostic. Ce pronostic varie grandement d’une personne à l’autre, selon le type de cancer, le moment où il a été dépisté et le début des traitements. Cependant, de nos jours, les chances de vaincre le cancer sont meilleures que jamais.
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Malgré cela, toutes les personnes qui ont eu un cancer et qui ont réussi à le vaincre souligneront que la rémission n’est pas vraiment la fin de l’histoire, mais plutôt le début d’un cheminement rempli d’incertitude et d’un fort sentiment de peur. Il est bien connu que le cancer peut revenir et que dans beaucoup de cas, c’est la réalité. Le dépistage précoce est alors essentiel pour vaincre la maladie de nouveau. On espère tous que le cancer ne reviendra pas. D’ailleurs, la plupart des spécialistes semblent s’accorder pour croire que les cinq années qui suivent le diagnostic sont cruciales. En d’autres mots, si le cancer doit revenir, ce sera au cours de ces cinq premières années.
Il va sans dire que les cinq années qui suivent la rémission ne sont pas seulement critiques d’un point de vue médical, mais aussi très stressantes sur le plan émotif. Les circonstances peuvent varier selon le diagnostic, mais il est certain que des rendez-vous de suivi (trois ou quatre fois par année pendant au moins les deux premières années) et des tests auront lieu. Vous ressentirez également beaucoup de peur et d’inquiétude.
En effet, la crainte que le cancer revienne fait partie de la gamme des émotions qu’éprouvent les personnes ayant vaincu le cancer. Dans certains cas, les traitements salvateurs de chimiothérapie ou de radiothérapie peuvent faire augmenter le risque de développer d’autres cancers, plus tard dans la vie. À court terme, ces traitements peuvent causer des effets indésirables sévères, y compris la douleur chronique, la fatigue et l’infertilité. De plus, la dépression dont peuvent souffrir les survivants du cancer semble assez évidente.
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Pour guérir, vous devez être vigilant et changer votre mode de vie, puis accepter que la dépression peut survenir par suite d’un traitement du cancer. La Prière de la sérénité, rendue populaire dans les réunions des Alcooliques Anonymes, va comme suit : « Mon Dieu, donne-moi la Sérénité d’accepter les choses que je ne puis changer, le Courage de changer les choses que je peux, et la Sagesse d’en connaître la différence. » Ceci est un bon conseil pour nous tous, mais surtout pour les survivants du cancer.
Premièrement, changez les choses que vous pouvez changer. C’est-à-dire contrôlez les choses que vous pouvez contrôler afin d’augmenter vos chances de jouir d’une longue vie exempte de cancer. Arrêtez de fumer, faites de l’exercice, perdez du poids et mangez plus de fruits et légumes. Si votre cancer est en rémission partielle et que votre médecin vous a prescrit des médicaments pour prévenir une rechute, prenez-les tels qu’ils ont été prescrits.
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Et n’oubliez pas de prendre au sérieux vos rendez-vous de suivi. Les rendez-vous rapprochés ont un objectif bien particulier. Si le cancer revient, vous devez le savoir le plus vite possible. C’est pourquoi il est essentiel de vous présenter à tous vos rendez-vous médicaux. Écoutez votre corps et parlez à votre médecin si vous remarquez un des signes ci-dessous, qui pourraient indiquer que le cancer est de retour :
- douleur inexplicable, surtout si elle dure plus que quelques jours
- saignement inhabituel, ecchymoses ou éruptions cutanées
- toux persistante
- fièvre inexplicable
- enflure ou bosses anormales
Même si ces symptômes ne semblent pas associés à votre cancer initial (p. ex., si vous avez eu le cancer du côlon et remarquez une douleur persistante dans votre pied), vous devez en parler à votre médecin immédiatement. N’attendez pas au prochain rendez-vous de suivi.
En respectant ces conseils, vous ferez tout ce que vous pouvez pour rester en santé. Il importe également de trouver la sérénité d’accepter ce que vous ne pouvez pas changer. Acceptez le fait que malgré tous vos efforts, le cancer pourrait quand même revenir. Vivre avec la douleur chronique, souffrir d’infertilité ou être atteint d’autres maladies connexes causées par le cancer ou le traitement contre le cancer constitue l’aspect de l’équation lié à la santé mentale. Et, ce n’est pas du tout évident. Vivre constamment sous la menace du cancer peut avoir des répercussions importantes sur la santé mentale et affective. N’oubliez pas de vous préoccuper aussi de cet aspect. Beaucoup de ressources s’offrent à vous. En premier lieu, participez à un groupe de soutien pour les survivants du cancer dans votre région. Le fait de partager votre expérience avec d’autres aide à alléger le fardeau de la maladie. Bien sûr, selon votre niveau de stress psychologique ou la gravité de votre dépression, votre médecin pourrait vous recommander des séances privées de counseling ou un antidépresseur.
Survivre au cancer est en soi un énorme exploit. Si vous y êtes parvenu, alors, vous êtes un combattant et vous aimez la vie. N’abandonnez pas maintenant! Les choses iront mieux.