Alors qu’une nouvelle campagne Movember touche à sa fin et que les hommes se préparent à sortir leur rasoir pour faire disparaître leur moustache chevron, en fer à cheval ou en trait de crayon, on remarque à quel point le mouvement Movember aide les hommes à perdre un peu de leur « masculinité » au profit de la santé et de la vie. Voici comment et pourquoi être un « vrai » homme n’est plus à la mode.
Au Canada, l’homme moyen vit quatre années de moins qu’une femme. Même si les raisons qui expliquent cela sont complexes, la plus importante est le stigmate. En effet, le stigmate qui entoure la dépression peut causer le suicide et celui associé à certaines maladies masculines peut empêcher de détecter et de traiter le cancer de la prostate et le cancer testiculaire.
Depuis quelques années déjà, la Fondation Movember déploie de grands efforts pour éliminer les stigmates et sensibiliser les gens aux sérieux problèmes de santé qui touchent les hommes. Ironiquement, pour atteindre cet objectif on utilise l’accessoire facial le plus masculin : la moustache. Mais en fait, la Fondation Movember souhaite que les hommes cessent d’être de « vrais » hommes. Pour ce faire, ils doivent arrêter de garder tous leurs problèmes en dedans, car des ressources leur sont désormais offertes. Cependant, ils ne peuvent pas recevoir de l’aide si personne ne sait qu’ils en ont besoin.
Le cancer de la prostate et le cancer testiculaire
Chaque année, dans le monde, plus de 1,4 million d’hommes reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate. Le cancer de la prostate est le quatrième plus courant type de cancer et le deuxième plus important chez les hommes, après le cancer du poumon. Le cancer testiculaire est beaucoup moins répandu que le cancer de la prostate, mais ils ont en commun les points suivants :
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Seulement les hommes en sont atteints.
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Le taux de survie est très élevé.
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Le dépistage précoce est essentiel.
C’est ici que la notion d’être un « vrai » homme entre en ligne de compte. Afin d’établir un diagnostic et de survivre aux cancers typiquement masculins, il faut se faire examiner pour éviter que la maladie se répande. En fait, un dépistage précoce du cancer de la prostate améliore le taux de survie plus de cinq ans. Ce dernier passe de 26 % à un très prometteur 98 %.
Que doivent faire les hommes pour rester parmi nous plus longtemps? Dans le cas du cancer de la prostate, il y a un test assez simple : le toucher rectal. Le médecin vérifie alors les possibles irrégularités de la prostate. Le problème, c’est que la nature du test fait l’objet de nombreux stigmates. D’ailleurs, la campagne de publicité très créative de Cancer de la prostate Canada, Famous Fingers, vise à faire disparaître les stigmates et à encourager les hommes à subir le test de dépistage. (Le cancer de la prostate peut également être détecté au moyen d’une prise de sang, mais ce test n’est pas aussi précis et habituellement il est effectué conjointement avec le toucher rectal, afin de déterminer si d’autres tests seront nécessaires.)
Pour le cancer testiculaire, le plus efficace moyen de dépistage est l’auto-examen, mais encore une fois, la plupart des hommes pourraient être mal à l’aise avec ce genre d’examen. Voilà pourquoi nous avons un message très important pour les hommes : ignorez la petite voix dans votre tête qui vous dit qu’il y a certaines choses que vous ne devriez pas faire. Les tests de dépistage des cancers typiquement masculins aident les hommes à vivre plus longtemps. Les stigmates devraient donc être mis de côté si cela permet aux hommes de vivre plus longtemps avec les personnes qui leur sont chères.
Dépression et suicide
Parler de leurs sentiments est une chose qui rend les hommes encore plus mal à l’aise que de se faire examiner les parties intimes. Par le passé, ils ont appris que les « vrais » hommes ne font pas cela et, de nos jours, cette idée fait encore partie intégrante de la société nord-américaine. Malheureusement, cette mauvaise habitude contribue aux statistiques alarmantes en lien avec la dépression chez les hommes.
Même si les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir de dépression au cours de leur vie, les hommes sont trois fois plus susceptibles de se suicider. Les raisons de cet écart sont encore mal comprises. Or, ces statistiques découlent certainement du fait que les hommes ne cherchent pas d’aide pour traiter leur dépression. Il peut s’agir d’aide professionnelle, mais également d’une discussion avec leurs proches. Dans des cas de dépression sévère, la médication est souvent nécessaire pour contrôler les symptômes et pour aider les patients à vivre une vie active et en santé.
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Malheureusement, le stigmate associé à la dépression peut être encore plus fort que celui associé à l’examen de la prostate ou au toucher rectal. Même s’il n’y a aucun doute que le cancer est très réel et mortel, il n’en va pas de même pour la dépression. Encore aujourd’hui, 46 % des Canadiens pensent que les maladies mentales sont une excuse pour un mauvais comportement. Compte tenu de ces statistiques, il n’est pas surprenant de constater qu’autant de Canadiens cachent leur dépression, ce qui entraîne des conséquences tragiques pour eux.
D’ailleurs, les études démontrent que les personnes qui cherchent de l’aide vont mieux par la suite. Il n’y a pas de traitement pour guérir la dépression. Or, 8 personnes sur 10 se sentent mieux après un traitement et sont plus aptes à reprendre leur vie normale. D’ailleurs, les statistiques sur le nombre d’hommes qui se suicident révèlent que ceux qui laissent la dépression prendre le dessus arrivent souvent à un point critique.
Movember, avec son style amusant et décontracté, constitue un outil puissant qui aide à éliminer les vieilles idées entourant ce que signifie être un « vrai » homme. Il faut avant tout vaincre les stigmates. Cela ne peut être que positif puisque nous pourrons ainsi garder nos pères, nos oncles, nos fils et nos frères plus longtemps avec nous.