La douleur aiguë peut non seulement nous sauver la vie en nous alertant que nous venons de subir une blessure, mais aussi nous aider à nous rétablir en nous obligeant à protéger la partie du corps blessée. Par contre, la douleur chronique ― celle qui persiste après la guérison d’une blessure ou qui est causée par d’autres troubles du système nerveux ― peut rendre l’existence de nombreuses personnes si pénible qu’elles se demandent si la vie vaut la peine d’être vécue.
La Semaine nationale de sensibilisation à la douleur a pour but d’aider à améliorer le soutien et les ressources à la disposition des personnes aux prises avec la douleur chronique, dont le nombre est estimé à un Canadien sur cinq. Les recherches indiquent que depuis longtemps, ces personnes ne bénéficient pas de traitements et de services adéquats : une étude réalisée en 2014 a révélé qu’en moyenne, les patients devaient attendre plus d’un an pour se faire traiter dans plus du tiers des cliniques antidouleur financées par l’État. Dans de nombreuses régions du pays, les gens n’ont pas accès aux services d’une clinique du genre. En outre, un répertoire des cliniques antidouleur pour enfants au Canada n’en dénombre que sept.
Environ la moitié des personnes en attente d’un traitement pour leur douleur chronique souffrent également de dépression. Près de 35 % d’entre elles auraient eu des pensées suicidaires, et plus de 70 % affirment que la douleur nuit à leur rendement au travail.
Traitements
Les opioïdes, relaxants musculaires, anticonvulsivants, antidépresseurs et anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l’ibuprofène, comptent parmi les produits pharmaceutiques utilisés dans le traitement des personnes souffrant de douleur chronique. Bien que seul votre médecin puisse vous prescrire ces produits, votre pharmacien peut vous aider à déterminer si les médicaments qui vous sont prescrits contre la douleur risquent d’interagir de façon nuisible avec les autres médicaments que vous prenez (prescrits ou en vente libre).
À lire : L’approche proactive d’une pharmacie au Canada donne de meilleurs résultats sur le plan de la santé.
La physiothérapie, l’acupuncture, l’exercice et autres traitements peuvent aussi être recommandés. L’étude AWARE, financée par l’Association canadienne du diabète, a mesuré les effets de la réduction du stress par la pleine conscience non seulement sur la douleur, mais aussi sur la production de cortisol et la glycémie. Au terme d’un programme de réduction du stress par la pleine conscience d’une durée de neuf semaines, les participants ont rapporté une amélioration considérable de la douleur ressentie. Selon le docteur Howard Nathan, chercheur principal de l’étude, cela s’explique par le fait que l’intensité de la douleur n’augmente pas nécessairement en fonction de la gravité de la blessure. La douleur déclenche une réaction de lutte ou de fuite, et plus cette réaction est intense, plus la souffrance du patient est grande. La pratique de la pleine conscience aide les gens à se sentir en sécurité même en présence de douleur, ce qui amoindrit l’intensité de la douleur ressentie.
Une autre étude menée par Northwestern Medicine a fait l’objet d’un article dans Nature Neuroscience à la fin de 2015 et offre une nouvelle source d’espoir. En effet, une stratégie thérapeutique novatrice répare, chez les rongeurs, la partie du cerveau qui est reconfigurée par la douleur chronique. Cette stratégie consiste à utiliser un médicament contre la maladie de Parkinson (la lévodopa) en association avec un anti-inflammatoire non stéroïdien. En administrant ces deux médicaments ensemble peu après une blessure, les chercheurs ont réussi à éliminer complètement la douleur chronique. Un essai clinique est maintenant en cours pour évaluer l’efficacité de cette approche thérapeutique chez l’humain.
Causes fréquentes de la douleur chronique
- La neuropathie, un trouble nerveux qui entraîne de la douleur dans des parties du corps autrement normales. Ce type de douleur a tendance à être chronique et peut découler d’une blessure, d’une infection ou d’autres maladies comme le diabète ou le cancer. (À lire : Journée mondiale de la Santé 2016 : Soyez plus fort que le diabète.)
- Les amputations (syndrome du membre fantôme), brûlures et cicatrices.
- Si une douleur aiguë due à une intervention chirurgicale, à une blessure au dos ou à une blessure au cou n’est pas traitée adéquatement ou dure plus d’un mois ou deux, des altérations du système nerveux et du cerveau peuvent se produire et modifier la façon dont les gens ressentent la douleur, menant ainsi à une douleur chronique qui n’est pas liée à une blessure visible ou à une cause évidente.
- La névralgie post-herpétique, une complication du zona, peut engendrer une douleur chronique invalidante. (Le risque est moins élevé lorsqu’un traitement antiviral a été amorcé dans les 72 heures suivant l’apparition des premiers symptômes du zona.)
- Un enfant sur cinq souffre de douleur récurrente ou chronique, le plus souvent causée par des maux de tête, des douleurs abdominales, une dorsalgie ou des douleurs musculo-squelettiques générales.
- Les migraines ou autres maux de tête à répétition.
- Le cancer et le VIH.
- La fibromyalgie – une cause courante des douleurs musculo-squelettiques chroniques généralisées.
- D’autres formes de lésions ou troubles nerveux.